La guerre d’Hiver (article en construction)

Winter war finnish soldier

La guerre d’hiver est un conflit parallèle à la Seconde Guerre Mondiale, qui opposa la petite république de Finlande au géant Soviétique.

Avant de se plonger dans ce conflit il est nécessaire de connaître l’histoire de la Finlande et de ses relations avec la Russie puis l’union Soviétique.

Histoire rapide de la Finlande :

Depuis le moyen âge, la Finlande fait partie intégrante du royaume de Suède.

LocationSwedishEmpire

Royaume de Suède en 1658

C’est sous la domination suédoise que ça première capitale, Turku, sera fondée. La Finlande restera suédoise jusqu’en en 1809, ou elle est annexée par l’empire Russe au terme de la guerre russo-suédoise. La Finlande aura longtemps était le théâtre d’affrontements et l’enjeu de plusieurs guerres entre la Suède et la Russie.

La Finlande devient en 1809 une partie autonome de l’empire Russe : le Grand Duché de Finlande.

Grand duché de Finlande

Armoiries du Grand Duché de Finlande

Le duché est de facto, une possession russe, mais garde une certaine indépendance vis à vis de son nouveau maitre. En effet les élites finlandaises continuent à parler suédois et allemand (langue de l’église luthérienne majoritaire dans le pays). Le duché dispose également de sa propre constitution contrairement en Russie, où le Tsar règne en monarque absolu. En 1906 la Finlande serra le premier pays à élire son parlement au suffrage universel des deux sexes.

C’est surement cette autonomie qui a favorisé la naissance d’un fort mouvement indépendantiste. C’est lors du chaos provoqué par la révolution russe que la Finlande obtient sont indépendance, profitant de la guerre civile en Russie et de l’aide offerte par l’Allemagne, la Finlande déclare son indépendance le 6 décembre 1917.

Mais dès la mi-janvier 1918 une guerre civile éclate en Finlande, opposant les « Rouges » appuyés, par la nouvelle union soviétique et les « Blancs » soutenus par l’Allemagne. La guerre fait rage jusqu’en mai, coutera la vie à presque 40 000 personnes et divisera pour longtemps la société finlandaise. Les « Blancs » réussiront à s’imposer et à établir la république démocratique de Finlande.

ruine de la ville de Tampere

Ruines de la ville de Tempere

La Finlande sort ruinée de ce conflit fratricide, plusieurs grandes villes sont à reconstruire et son économie est à genoux. Les finlandais garderont en mémoire cet événement tragique durant des années.

En 1923, la guerre civile s’achève en URSS, les bolcheviks ont maintenant le contrôle de l’ancien empire Russe. Plusieurs régions, à l’instar de la Finlande, ont profité de la guerre pour faire défection, comme les pays baltes et les républiques du Caucase.

Staline aura vite fait de faire revenir tous ses États dans l’union, que ce soit avant la seconde guerre mondiale avec les pays du Caucase ou pendant avec les pays baltes. Seule la Finlande garde son indépendance au prix de deux guerres au lourd bilan.

Préludes de la guerre :

C’est le 23 aout 1939, que le sort de la Finlande est scellé. En effet l’Allemagne nazie et l’URSS viennent de signer le Pacte Germano-soviétique. Ce traité est censé assurer la paix entre les deux nations par la ratification d’un pacte de non agression, mais il détermine aussi de quelle manière les deux puissances vont se partager l’Est de l’Europe.

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Staline, alors à la tête de l’union soviétique, cherche à sécuriser la frontière Nord-Ouest du pays. En effet Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, renommée Leningrad pendant la révolution, est située à seulement 32 kilomètres de la frontière finlandaise. Une distance beaucoup trop faible en cas d’attaque depuis ce pays. De plus les dirigeants soviétiques considèrent que le risque d’une attaque allemande depuis la Finlande est hautement envisageable.

En avril 1938, les soviétiques avaient déjà essayé de négocier avec la Finlande un traité pour améliorer leurs défenses mutuelles contre l’Allemagne. Mais la Finlande refuse toute négociation et affirme qu’en cas de guerre entre l’URSS et l’Allemagne elle respectera une stricte neutralité.

Le 9 octobre 1939, l’URSS tente une nouvelle fois de négocier avec le gouvernement finlandais. C’est le 14 octobre que Viatcheslav Molotov, ministre des affaires étrangères soviétique propose un arrangement. La Finlande louera le port de Hanko pour une durée de 30 ans à l’URSS, elle cèdera la partie Sud de la Carelie et la région de Pestamo qui est le seul accès de la Finlande à l’océan Arctique. En échange l’URSS cède plusieurs milliers de kilomètres de terres des  régions de Repola et Porajärvi. En terme de superficie, la Finlande donnerai 2 750 km2 mais en recevrai 5 527 km2.

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Le gouvernement finlandais n’est pas contre l’échange de territoires, des négociations débutent même sur le tracé exact de la nouvelle frontière. Par contre, le gouvernement finlandais refuse de céder le port d’Hanko car cela permettrait aux soviétiques de bloquer le port d’Helsinki selon le bon vouloir de Staline et d’imposer un blocus à la Finlande toute entière.

L’URSS ne veut pas revenir sur ses positions, la Finlande quitte alors la table des négociations le 13 novembre 1939.

Le 26 novembre, le village russe de Mainila situé juste en bordure de la frontière est bombardé par de l’artillerie. Il s’agit en fait d’une mise en scène soviétique pour déclarer la guerre de façon « légitime » à la Finlande. Le gouvernement soviétique accuse les finlandais et romps tous lien diplomatique.

La Guerre :

Le 30 novembre, 23 divisions de l’Armée rouge, divisées en 4 armées passent la frontière finlandaise. Le rapport de force est écrasant , 450 000 hommes, près de 2500 chars, et près de 4000 avions marchent sur la Finlande qui ne peut opposer que 64 chars dépassés (dont un seul en état de combattre le jour de l’attaque), 37 avions et 180 000 hommes. L’armée finlandais manquent de munitions, d’armes et surtout d’armes antichars, lors de l’invasion les finlandais n’en ont que deux par régiments !

Le plan soviétique est simple, submerger les défenses finlandaises en attaquant de tous les côtés et en usant au maximum de leur supériorité numérique et matérielle.

soviet assault

La 7ème armée charge le gros des forces finlandaises et doit prendre Vipuri, la 8ème armée doit contourner le lac Lagoda et prendre les défenses de la ligne Mannerheim à revers. La 9ème armée doit sectionner le pays en deux pour empêcher tout  renfort depuis la Suède, en coupant les lignes de chemins de fer. La 14ème quant à elle doit sécuriser le port de
Pestamo, puis faire jonction avec la 9ème. Tout l’état major soviétique et persuadé que cette guerre serra facile et rapide, le général en charge de l’opération déclare même que « 10 jours suffiront, donnez moi 12 jours de munitions pour être sûr ». Les soldats soviétiques sont eux aussi convaincus d’une guerre rapide, et sont persuadés qu’ils vont être accueillis en libérateur par le peuple finlandais.

Les colonnes d’infanteries traversent la frontière en chantant, l’orchestre est présent, les soldats portent dans leurs bagages leurs uniformes d’apparats, prêts à parader dans Helsinki. Les espions soviétiques ont assurés que les prolétaires finlandais rejoindraient les rangs de la grande Armée rouge dès que celle-ci passerai la frontière. Du point de vu soviétique cette campagne va être une vraie promenade de santé, les finlandais n’ont même pas assez de fusils pour tous leurs soldats!

Pour la Finlande, la situation semble désespérée, son seul espoir serait une intervention étrangère rapide ou tout bonnement un miracle. Mais la petite nation à quand même quelques atouts jouables dans cette guerre. En effet la topographie est bien adaptée à une guerre défensive : les centaines de lacs et de marais forment des réduits naturels, offrant peu d’angles d’attaques différents et les immenses étendus de forêts sont très peu propices aux grandes offensives blindées. Les finlandais se battent pour la plupart chez eux, ils connaissaient la région, sont habitués à son rude climat et savent tous skier contrairement aux soviétiques. De plus les finlandais peuvent compter sur une solide ligne défensive, la ligne Mannerheim (nommer en hommage au maréchal Mannerheim).

Le début de l’offensive est un succès pour les soviétiques, les finlandais ne peuvent simplement pas lutter contre les blindés de l’Armée rouge. Les défenseurs reculent mais ne se démoralisent pas. Ils mirent au point plusieurs méthodes rudimentaires pour neutraliser les chars soviétiques. La première, et sûrement la plus efficace, est d’envoyer une bouteille d’alcool enflammé dans l’entrée d’air du moteur du char. Les finlandais appelleront ironiquement cette arme, le cocktail Molotov. Les soldats finlandais peuvent aussi utiliser une grenade anti-char, mais son poids (15kg) la rend difficile à lancer et oblige le soldat à s’approcher dangereusement du char. La troisième est encore plus folle, elle consiste à immobiliser le char en plaçant une bûche dans le galet avant de la chenille pour le faire décheniller.

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Fronde à molotov improvisé

De la promenade de santé à l’enfer blanc

Malgré leurs premières défaites, les finlandais tiennent bon. Les pertes soviétiques commencent à augmenter et entament le rêve « de la guerre facile et rapide ». A la surprise des dirigeants soviétiques, les communistes finlandais n’ont pas désertés et encore moins rejoint l’Armée rouge. « Après le début de l’invasion, la Finlande c’est unie comme un seul homme, elle savait que c’est sa survie qui se jouait là », c’est ce que le maréchal Mannerheim écrivit dans ses mémoires à propos du début de la guerre.

Les offensives soviétiques sur la ligne Mannerheim sont plus désastreuses les unes que les autres. L’infanterie soviétique est obligée d’avancer dans de vastes espaces découverts, où les soldats sont littéralement taillés en pièce par les mitrailleuses finlandaises. Les chars mal employés et harcelés par des commandos de skieurs, ne peuvent pas appuyer l’infanterie efficacement. La coordination entre les corps d’armées soviétiques est très mauvaise, surtout l’Armée rouge ne c’est pas encore remise des terribles purges de Staline. En effet depuis 1930 Staline voit des traîtres partout. En 1937 il décide de purifier l’armée car il est effrayé par l’idée d’un coup d’état militaire, tous les amiraux, deux des quatre maréchaux, quatorze des seize généraux d’armée et presque 40 000 officiers sont exécutés pendant cette chasse aux sorcières.

Char Bt5 sovietique immobilisé

Char BT5 soviétique immobilisé

Ses purges ont un impact direct sur l’Armée rouge, car en plus d’avoir éliminé tous les cadres expérimentés, Staline les a fait remplacer par des officiers moins compétents mais plus dociles et dont il est sûr de leur dévouement. En plus d’être inexpérimentés les nouveaux officiers ont peur de subir le même sort que leurs prédécesseurs, ils appliquent alors à la lettre ce qu’ils ont appris dans les vieux manuels de l’Armée rouge, de peur qu’une initiative personnelle leur soit reprochée. De plus toutes les brigades soviétiques se sont vu adjoindre un commissaire politique, qui a toute autorité et en réfère directement à Staline. Ses derniers n’ayant aucune formation au commandement stratégique seront souvent à l’origine d’aberrations militaires.

Les soldats soviétiques sont ainsi envoyés dans des charges inimaginables sur les lignes de défenses finlandaises où ils sont massacrés par des finlandais en sous nombre mais bien fortifiés. Tous les jours des centaines de soldats courent ainsi directement sous les nids de mitrailleuses vers une mort certaine.

Pour ne rien arranger, l’hiver 1939-1940 est un des plus froids que la Finlande n’ai jamais connue. Les températures atteignent souvent les -40°C, et à plusieurs reprises, la nuit, le mercure descend en dessous des -50°C. Le matériel soviétique est mis a rude épreuve. Le carburant des chars gèle dans les réservoirs, le métal colle presque instantanément à la peau, les chevaux meurent de froid et parfois les soldats aussi. En effet, Staline pensait que les populations frontalières de la Finlande rechigneraient à se battre contre les finlandais. Les armées qui attaquent la Finlande sont principalement constituées d’ukrainiens, de tatares et d’autres peuples du sud de l’URSS. Inutile de préciser qu’un soldat né dans le sud de l’Ukraine ne connaît rien à la rigueur d’un hiver polaire.

Two-Soviet-infantrymen-who-froze-to-death-in-their-fox-hole,-Finland,-1940

Soldats soviétiques morts gelés dans leur tranché

Les soviétiques souffrent également du manque de repas chauds, l’Armée rouge ne fournissant que du pain noir à ses hommes. Par de telles températures, un repas chaud peut faire la différence entre la vie et la mort. Nombreux soldats doivent quitter le front avant même d’avoir combattu, souffrant de graves engelures aux mains ou aux pieds. L’hiver ne fait aucun cadeaux à l’Armée rouge.

Les finlandais sont eux dans leur élément naturel, chaque finlandais apprend à skier dès qu’il sait se tenir droit. La Finlande est en majorité un pays rural, la plupart des soldats sont des paysans qui connaissent le terrain et surtout savent comment survivre à ce terrible hiver. Si les chevaux sont utilisés en masse par les deux armées pour transporter du matériel ou des troupes, les commandos à ski finlandais utilisaient souvent des rennes, plus faible, pouvant transporter moins de charges, mais résistant formidablement bien au froid.

Winter-War-Finland skieur + rennes

Skieur finlandais et leur attelage de rennes

Si les soviétiques n’arrivent pas à profiter de leur avantage matériel et numérique, les finlandais réussiront parfaitement à exploiter leur connaissance du terrain et de l’hiver.

Les commandos à ski feront des ravages dans les lignes soviétiques. Surgissant de nul part, la plupart du temps la nuit, attaquant les soldats frigorifiés regroupés autour de feux de camp, où ils sont les cibles très faciles des tireurs tapis dans l’obscurité.

Les soldats finlandais maîtrisent parfaitement l’embuscade, et attaquent sans relâche les campements soviétiques où ils détruisent en priorité les réserves de nourriture. Ses attaques surprises menées par des petits commandos auront parfois raison de brigades entières. Ce qui permettait au finlandais de combler leur manque critique d’arme et de munitions, en récupérant le matériel soviétique. La peur d’être attaquer au moindre relâchement entame sérieusement le moral et la combativité des troupes soviétiques.

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Simo Häyhä

Certain de ces hommes devinrent des héros, comme Simo Häyhä, un des tireurs d’élite finlandais qui faisaient un véritable massacre dans les rangs de l’Armée rouge. Il fut surnommé « Belaya Smert » par les soldats soviétiques, ce qui signifie littéralement, « la mort blanche ». La Finlande avait besoin de héros pour garder le moral et miner celui de l’adversaire. Simo Häyhä rempli ce rôle à merveille, à la fin de la guerre il aura à son actif entre 700 et 800 soldats abattus.

Les soviétiques sont totalement immobilisés au sud de la ligne Mannerheim. Les défenses Finlandaises tiennent bon.

Dans l’Est du pays, la 163ème division de fusiliers soviétiques a traversé la frontière et a pour objectif de couper le pays en deux. Si le plan apparaît comme valide pour le commandement de l’Armée rouge, il est en réalité impossible à mener à bien. Les tacticiens soviétiques ont fait d’énormes erreurs en omettant la topographie de la région. Les divisions soviétiques doivent tenter de progresser dans des forêts denses, gelées et qui s’étendent à perte de vue. Les divisions motorisées de l’Armée rouge sont obligées d’utiliser d’étroits sentiers de bûcheron, où elles sont forcées de progresser en longue file, s’étirant sur des kilomètres.

La 163ème division parvient à prendre le petit village frontalier de Suomussalmi le 7 décembre. Le village à été incendié par les finlandais pour empêcher les soviétiques de trouver le moindre refuge, les finlandais se sont ensuite réfugiés sur les rives opposées du lac gelé de Niskanselkä. Les soldats soviétiques échoueront à plusieurs reprises à percer les lignes finlandaises. Après plusieurs assauts les finlandais réussissent à reprendre le village.

La 44ème division, qui devait arriver en renfort de la 163ème s’arrête sur la route entre Suomussalmi et Raate. Une colonne qui s’étire alors sur des dizaines de kilomètres, les véhicules sont stationnés les uns contre les autres, offrant une très faible marche de manoeuvre.

Le 4 janvier, les finlandais fort de 3600 hommes, passent à l’attaque. Ils appliquent la tactique dite du « motti ». Cela consiste à briser une colonne ennemie, la séparer en plusieurs groupes, et encercler chaque groupe. Les groupes les plus faibles sont rapidement défaits, les plus gros sont « laissés à cuire », c’est a dire que les finlandais attendent que les soldats adverses soient à cours de vivre et complètement gelés pour passer à l’attaque.

Isolés, harceler par les commandos à ski, souffrant du froid et de la faim, les groupes soviétiques encerclés tombent rapidement. Cette stratégie s’avérera payante, car le  8 janvier, intégralité de la 44ème division serra anéantie. Soit 25 000 hommes !

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Route de Raate

Les finlandais, alors en manque de munitions, récupéreront une grosse quantité d’armes et de munitions, dont 43 chars, une centaine de canons, des véhicules blindés, 260 camions, un millier de chevaux, 6000 fusils et un avion.

 

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