Henri IV

Ils furent 65, régnèrent de 481 à 1848 et ont marqué l’histoire de notre pays. Découvrez ou redécouvrez, quelques uns des grands monarques qui ont gouverné la France.

Henri IV (1589-1610)

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Jamais destiné à régner, Henri de Navarre, protestant, se retrouve à la tête d’un pays par un concours de circonstances… et d’assassinats..!

Encore considéré aujourd’hui comme l’un des « meilleurs » de nos rois, il gouvernera pendant plus de 20ans, changera 6 fois de religion, aura 73 maitresses officielles, 2 épouses, 25 tentatives d’assassinat et une mort tragique faisant de lui un martyre. Le « Bon roi Henri » avait pourtant su ramener la paix en France, et rallié deux religions à son « panache blanc » !

Henri né le 13 décembre 1553 à Pau. Il est souverain d’un petit royaume indépendant : la Navarre, à cheval sur la France et l’Espagne. Celui-ci est assez pauvre, mais Henri reste un descendant de Saint-Louis et accède au trône après la mort de son cousin, (au 22ème degrés quand même!) Henri de Valois, assassiné par le moine Clément en 1589 et n’ayant pas laissé d’héritier. Henri III le désigne comme son successeur, la dynastie des Valois d’éteint. Celle des Bourbons commence.

Seul problème, ce cousin est protestant, la Saint Barthélémy n’est pas loin (1572) et même lui avait failli y laisser la vie et fut séquestré à Paris… La question se pose alors : peut-on réellement poser la couronne de France sur la tête d’un protestant ? Beaucoup le dénigrent et le décrivent comme un « paillard« , on dit qu’il sent l’ail, son fort accent du sud ouest est sujet de nombreuses moqueries, en bref, un grand nombre de seigneurs catholiques ne lui confèrent aucune crédibilité.

Élevé dans le Béarn, il ne reçoit pas une éducation aussi stricte que ces cousins à Paris. Toujours proche des paysans, il est vu comme l’un d’entre eux. Il connaît leur quotidien et de nombreuses histoires relatent des moments de convivialité avec des paysans de sa région. Simple légende ou pure réalité, il est difficile de répondre à cette question. Toujours est-il que ces épisodes ont fortement participé à l’image d’un roi proche de ses sujets et à la légende blanche du « bon roi« .

Les seigneurs catholiques préfèrent lui faire la guerre, plutôt que lui prêter allégeance. Il devra alors henri_IV_siege_paris_louvreprendre de grands risques, pour s’imposer et conquérir son trône. Grand guerrier, Henri de Navarre pousse toujours plus ses troupes. Toujours en tête de convois, il n’hésite pas à aller au front. Cet aspect de sa personnalité contribuera grandement à l’image du roi guerrier, conquérant, qui ne laisse pas ses armées allez se faire tuer sans lui.

D’autre part, et à la différence de nombreux de ces contemporains, Henri ne pille pas les villes qu’il conquiert. Il ne tue pas et ne brime pas la population, ce qui lui permettra par la suite d’obtenir facilement son soutien.

Paris est tenue par ceux que l’on nomme les catholiques ultras de la Ligue, elle sera sa plus grande bataille vers le pouvoir. Enfermés dans la cité, les habitants meurent de faim, la ville entière agonise. Henri en plein siège, fait ouvrir les portes de la forteresse de sorte que la population puisse sortir. Il veut ainsi que tous ses sujets soient amis et oublient « les offenses du passé ».

En février de l’année 1594 le roi Henri IV est sacré à Chartres, Reims étant toujours aux mains de la Ligue.

En mars 1594, il entre dans Paris. Voulant faire oublier les déboires passés, il décide de reconstruire la ville : il agrandit le Louvre et le relie au palais des Tuileries, construit le premier pont en pierre de a ville (le pont Neuf), ainsi que l’actuelle Place des Vosges (ancienne place Royale). Il veut littéralement transformer Paris et surtout, l’embellir.

D’autre part, il met à l’honneur la terre, principale ressource du pays. De nouvelles techniques de culture sont misent au point, la sériciculture se développe en France : il s’agit de l’élevage de ver à soie, son importation étant devenu trop couteuse. « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France« , ce mot du ministre Sully, vise à démontrer à quel point cet aspect est important pour le pays.

Toujours est-il que l’agriculture se développe davantage et le roi à fait en sorte « qu’il n’y si pauvre paysan en [son] royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot ». (cette citation s’étant déformée au fil des siècles, on peut trouver différentes versions, mais gardant toujours la même signification).

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Le 30 avril 1598, Henri IV signe l’édit de Nantes. Ce dernier stipule que tous les habitants du royaume de France, peuvent vivre ensemble, quel que soit leur religion. Cet acte de paix est perpétuel et irrévocable et offre pour la première fois dans l’histoire, une liberté de conscience totale aux réformés.  Il met ainsi un terme aux guerres de religions qui ont, pendant de longues années, meurtrie le pays. Même si celui-ci ne résout pas tout, notons par exemple que le culte protestant est interdit dans l’enceinte de Paris. Le pape Clément VIII le voit comme une monstruosité, ne le cautionne pas et apporte son soutien aux détracteurs du roi.

Reine Margot

Marguerite de Valois, dite « Margot« (1553-1615)

En 1572, il avait épousé Marguerite de Valois, sœur des trois précédents rois (François II, Charles IX et Henri III) et passé à la postérité comme la Reine Margot. C’est la première fois qu’il se convertira au catholicisme. C’est ce mariage qui lui permettra, entre autre, d’être épargné lors de la St-Barthélémy.

« Paris vaut bien une messe ».

Malheureusement pour lui, ces changements ne lui sont pas favorables sur tous les points. Les catholiques ultra le prennent pour un usurpateur et ne croient pas en sa foi, quant aux protestants, ils considèrent son abjuration comme une trahison. Les tensions sont toujours palpables.

D’autant plus que, Marguerite aura par la suite de la concurrence. Ne donnant aucun enfant au roi -celui-ci se croira alors stérile-, elle devient d’avantage une amie, qu’une épouse. Ils mènent chacun une vie amoureuse de leurs côtés. Margot a de nombreux amants, mais toujours moins que le « Vert-Galant » qui aurait à son actif, plus de 70 maitresses officielles

Tantôt amour d’un soir, tantôt intrigante, son amour inconsidéré des femmes, le mènera parfois à des actes regrettables. Guidés par ses sens, il ira jusqu’à mettre en péril sa couronne et son royaume, pour une favorite.

L’Histoire retiendra principalement, dans l’ordre, Gabrielle d’Éstrées, Henriette d’Entragues et Charlotte de Montmorency. Toutes veulent accéder au titre de Reine. 

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La première, Gabrielle d’Estrées, est un coup de foudre. Fille de la noblesse béarnaise, Henri IV lui fera une cour assidue, mais la belle ne s’offrira pas si vite à lui. Trois ans après le début de cette romance unilatérale, la famille de la jeune femme la poussera dans les bras du roi. Il faut dire qu’être courtisane est une tradition dans la lignée de Gabrielle. En effet, la grand mère maternelle ne fut pas moins que la maitresse de deux monstres de l’Europe : François Ier et Charles Quint. La mère suivi le mouvement, tant et si bien que ses filles (Gabrielle et ses six sœurs), seront surnommées « les 7 pêchés capitaux » !

Après l’avoir marié à un aristocrate, Henri IV peut l’avoir près de lui, à sa cour. Il la couvrira d’argent, d’or, lui offrira des palais, dont le plus connu, celui de Monceau. Les finances du royaume n’étant pas si reluisantes, on reproche ses folies au roi et déteste l’objet de celles-ci. Ce qui vaudra à Gabrielle le doux surnom de « Duchesse d’ordure« …

Mais le roi n’en a cure et ce sentiment grandi encore plus, le jour où sa bien-aimée tombe enceinte. Henri a 41 ans et va être père pour la première fois. Lui qui aime tant les enfants -et en aura encore bien d’autres!- et fou de joie, ce qui n’arrangera rien aux affaires.

Il envisage d’épouser Gabrielle et, pour la première fois dans l’Histoire, il légitimera les enfants nés de leur union. Toute la cour désapprouve cette décision, et nombreux sont ceux qui tenteront de raisonner le roi, dont Sully, son principal ministre.

Coup du sort, enceinte de son 4ème enfant, Gabrielle meure en couche et dans d’atroces souffrances. On pense d’abord à un empoisonnement, le roi ne se remettra que difficilement de cette mort qui tombe bien trop à pique…

Marie de Médicis_jeune

Marie de Médicis (1575-1642)

Après cet épisode, il divorcera de Margot, qui ne lui donne pas d’enfant et devra se remarier avec une princesse de sang, en l’occurrence : Marie de Médicis.

Ce nouveau mariage ne l’empêchera pas d’enchainer les maitresses, donc la deuxième plus connue : Henriette d’Entragues.

De nouveau fou d’amour, il veut cette belle brune coûte que coûte. La famille de la jeune fille va aller jusqu’à faire signer au roi, une promesse de mariage, à condition qu’Henriette lui donne un fils. Sully ne sait plus que faire devant un roi si buté, au point de ne pas se rendre compte des conséquences d’une telle folie… Sully il en peut plus !

Il laisse parler de nouveau parler son cœur avant sa raison.

S’engage alors une course entre la reine et la favorite, à qui donnera en première un fils au roi. L’avenir de la royauté est en jeu, et c’est Marie de Médicis qui accouchera en premier d’un garçon, un mois seulement avant sa rivale. Ce sera le futur Louis XIII.

Intrigante, allant jusqu’à comploter contre son royal amant, elle sera bientôt remplacée par une nouvelle favorite : Charlotte de Montmorency.Henri IV au balcon de Charlotte de Montmorency

Elle a alors 16 ans, le roi en a 55. Comme pour les précédente il la marie à un prince, le prince de Condé, qui laisse entendre que la compagnie des femmes ne l’intéresse guère. Mais, coût de théâtre auquel Henri IV ne s’attendait pas : Condé tombe véritablement amoureux de celle qui est désormais sa femme. Il l’emmène avec lui à Bruxelles, dans le but de l’éloigner du roi.

C’est alors que celui-ci s’apprête à commettre l’irréparable : monter une armée pour récupérer sa maitresse. Répondant à Sully qui le conjurera de ne point commettre pareille folie, « nous devions faire cette guerre par politique, qu’est ce que cela change si je la fais un peu par amour? ».

Il n’aura pas le temps de lever son armée.

Marie de Médicis

La reine en titre, Marie de Médicis est indissociable du règne d’Henri IV. Princesse florentine comme la précédente reine Médicis, richissime, sa dote est la plus importante jamais apportée par une reine de France. Ce qui permettra d’effacer les dettes du royaume.

Assumant pleinement son devoir de reine, elle donnera 6 enfants au roi. Le premier, futur Louis XIII rend fou de joie Henri IV, qui malgré une descendance florissante, n’avait toujours pas d’héritier mâle légitime. Marie est couronnée Reine de France le 13 mai 1610, Henri IV sera assassiné le lendemain.

Son fils étant trop jeune pour régner, elle assurera la régence jusqu’à sa majorité. L’image de « grosse veuve » est resté encré dans l’Histoire, tant et si bien que l’on a du mal à la reconnaitre sur ses portraits de jeunesse.

Henri IV et ses enfants

Dans la légende blanche d’Henri IV s’inscrit également l’image du bon père, jouant avec ses enfants qu’il aime tant. Il est vrai qu’en ce temps, les enfants n’étaient guère proches des parents, qui agissaient avec eux comme avec des gens de cour : froidement.

Henri, élevé par une mère aimante, adorera toujours ses nombreux enfants et mettra un point d’honneur à jouer avec eux et à veiller personnellement à leur éducation. Après lui, seul Louis XV aura un tel comportement avec sa descendance.

Comme quoi, les deux Rois dénombrant le plus de maitresses dans l’Histoire de France, seront parmi les plus tendres avec leurs enfants !

Alors que son fils n’a que 9 ans, le 14 mai 1610, le bon roi Henri est assassiné, rue de la Ferronnerie à Paris. Le plus célèbre régicide de l’Histoire de France aurait pu pourtant être évité.

En effet, savant son ami Sully malade, il décide d’aller le voir à son domicile en carrosse, et sans grande escorte ou protection.

C’est François Ravaillac, colosse dérangé et catholique ultra qui portera le coup fatal au roi. Il avait demandé plusieurs fois audience au roi, qui n’a jamais voulu le recevoir. Il poignardera par trois fois le roi, qui mourra rapidement de ses blessures.François_Ravaillac

Capturé pour être torturé, Ravaillac n’avouera jamais avoir des complices, pourtant, encore aujourd’hui, les soupçons d’un complot dont il ne serait finalement qu’une marionnette, pèsent toujours. De nombreux complots ayant déjà été déjoués, il est plus que probable que Ravaillac eut été armé par un autre. 

Trop de preuves s’accumulent et se contredisent, trop de suspects potentiels, la question de savoir qui a armée la main de Ravaillac, reste encore l’un des plus grand mystère de l’Histoire de France.

Il sera « passer à la question« , autrement dit durement torturé, avant de subir le sort infligé aux auteurs de régicide : « conduit en place de Grève et sur un échafaud qui sera dressé, il sera tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit parricide, sera brulée de feu de souffre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix, de la résine brulante, de la cire et souffre fondus ensemble. Ensuite son corps sera tiré et écartelé par quatre chevaux. Les membres de son corps seront consumés au feu, réduits en cendre et jetés au vent. ». Sympa quoi…

Cette sentence d’un autre temps, montrera la grande résistance du supplicié, qui ne mourra qu’après une heure d’écartèlement.

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C’est surtout après sa mort que la légende du « bon roi » va se répandre. Pleuré par un peuple qui se rend compte de ses bonnes œuvres, malgré le fait qu’il est été un monarque absolu au sens premier du terme, qui mit en péril sa couronne par amour.

L’image de ce roi sera souvent reprise sous l’Empire et la IIIème République, qui effacera petit à petit les zones sombres du règne pour mettre en lumière la bonté et la bienveillance du monarque.

Le saviez-vous

Au château de Pau, où le roi a grandit, on peut voir son berceau, très bien conservé, trôné au milieu d’un des chambre. Celui-ci est fabriqué dans un matériau très cher, rare et pour le moins… inattendu !

Le futur Henri IV était bercé dans une carapace de tortue géante !

« Paris vaut bien une messe » célèbre citation du roi, il semblerait cependant qu’il ne l’ai jamais prononcé… Encore aujourd’hui, il est difficile de faire la lumière sur de tels faits, toutefois, ces mots auraient bien été prononcés… Mais pas par le roi : par Sully lui-même.

Comme je le disais, impossible d’en être certain…

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