Charles VII

Ils furent 65, régnèrent de 481 à 1848 et ont marqué l’histoire de notre pays. Découvrez ou redécouvrez, quelques-uns des grands monarques qui ont gouverné la France.

Charles VII (1461-1422)

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Charles VII, dit Le Victorieux ou Le Bien Servi, régna près de quarante ans sur un pays en pleine guerre de religion.

N’étant pas destiné à devenir Roi, né père que l’on surnomme encore aujourd’hui « Le Fol », et à juste titre, mal aimé par sa mère qui préférerait voir le Roi d’Angleterre sur le trône à sa place, il mettra un terme à la Guerre de Cent Ans et réintégrera la Normandie et la Guyenne au royaume de France. Il est indissociable de la célèbre Jeanne d’Arc qui jouera un rôle majeur dans l’histoire de son règne.

Il mettra également en place une tradition royale, que de nombreux monarques perpétueront après lui, à l’image d’Henri IV ou Louis XV, pour ne citer qu’eux…

Le 22 février 1403, à Paris, né le futur Charles VII… Ou du moins le onzième enfant de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Car à sa naissance, Charles n’est pas destiné à devenir roi. Devant lui se trouvent ses deux frères : Louis et Jean, morts tous deux de façon mystérieuse…

 

En 1417, il devient officiellement Dauphin, seul héritier du trône de France et épouse en 1422 Marie d’Anjou.

Mais avant cela, en 1420, le futur Roi fuit Paris, tombé aux mains des Bourguignons –alliés des Anglais- pour se réfugier à Bourges. Il gardera d’ailleurs tout au long de son règne le surnom de « Roi de Bourges », attribué par ses détracteurs. Son pouvoir se réduit.

Il faut dire que ce n’est pas la joie en ce temps… les Armagnacs (menés par Jean sans Peur) et les Bourguignons, deux grandes factions politiques, « gouvernent » lors de la régence d’Isabeau de Bavière, le Roi Fol n’ayant plus toute sa tête, et n’étant donc plus en état de régner pleinement.

De plus, les Anglais, représentaient par Henri V tentent, eux aussi, de grignoter quelques morceaux du royaume de France.

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Henri V d’Angleterre

Les tensions sont palpables, Bourguignons et Armagnacs s’entretuent. La capitale baigne dans le sang, les « bouchers » sont partout et les têtes des Armagnacs tombent les unes après les autres. Cette confrérie de « boucher » s’empare de la Bastille en 1413 (avant-gardistes, il faut le dire !), dans le même but qu’en 1789, trouver des armes, de la poudre et prendre le pouvoir.

Pour ne pas en finir, au mois d’aout 1415, Henri V accoste dans l’embouchure de la Seine et monopolise des points stratégiques du fleuve. S’ensuit en septembre, la bataille d’Azincourt, où Français et Anglais s’affrontent, encore. Une véritable hécatombe française… Et deux ans plus tard Henri V conquiert la Normandie.

Les Anglais s’allient aux Bourguignons et les Orléans sont soutenus par les Armagnacs. Ces derniers se rangent derrière l’héritier du trône, le futur Charles VII.

Au cours d’une altercation avec le Dauphin, Jean Sans Peur (Duc de Bourgogne) trouve la mort. Prémédité ou non, toujours est-il qu’après lui, son fils Philippe le Bon, cherchera la paix avec l’Angleterre.

Le Roi Henri V saura en jouer, et grâce à son mariage avec Catherine de Valois –la fille de Charles VI- il se fera adopter par le Roi Fol, et donc deviendra l’héritier légitime du trône à la place du Dauphin. Il tentera d’imposer l’idée d’une double monarchie.

C’est à ce moment-là, vers 1420, qu’Isabeau de Bavière déshéritera son propre fils.

Coup du sort, deux ans plus tard, Henri V est emporté par une violente hémorragie intestinale. Son fils de deux ans est censé recevoir les couronnes des deux royaumes de France et d’Angleterre à sa majorité.

Réfugié à Bourges, Charles VII le devient officiellement la même année de 1422, après la mort de son père, mais seulement pour ses partisans. Il ne peut être sacré à Reims et entrer dans Paris, car toujours aux mains des Bourguignons.

C’est dans le même temps que, dans une enclave située dans les terres du duc dejeanne-darcBourgogne, la Châtellerie de Vaucouleurs, dans un petit village nommé Domrémy, une jeune fille de paysan, se promène dans son jardin et entend une voix, lui parler de la misère du royaume de France…

Vous l’aurez compris, il s’agit de Jeanne d’Arc, elle a alors 13 ans. Saint Michel, Sainte Catherine et Sainte Marguerite, lui parlent et la poussent à aller trouver Charles VII pour le convaincre de se battre pour son propre trône.

Le seigneur de Vaucouleurs lui donne une petite armée ainsi qu’une missive destinée au Dauphin. Elle arrive à Chinon, et est reçue par Charles VII.

Il j-darc-reconnaissant-charles-viila mettra d’ores et déjà à l’épreuve. A son arrivée, il se fondra incognito dans la foule de courtisans et présentera un faux Charles VII. C’est, guidé par ses voix, que Jeanne ira droit vers le dauphin et le reconnaîtra.

Il la fera ensuite envoyer à Poitiers, où elle sera interrogée par les théologiens. On vérifiera ses dires, ses convictions mais également si  c’est bien une femme et si, comme elle le prétend, elle est bien vierge. Ce qui s’avèrera vrai –même s’il on peut douter quelque peu des techniques de vérification de l’époque…-.

Ces « examens » vont durer près de 3 semaines. Les théologiens aimeraient un miracle pour preuve de sa foi et de ses dires. Jeanne leur promet que si elle est envoyée à Orléans, il y en aura bien un.

Le 27 mars 1429, elle revient à la forteresse de Chinon, où elle va de nouveau s’entretenir avec Charles VII. Elle semble redonner grandement confiance à ce futur roi dévoré par le doute et qui depuis tout ce temps doutera de sa propre légitimité.

La confiance quasi aveugle qu’il aura en Jeanne viendrait également d’un « certains secrets », dont seul Charles avait connaissance… Il n’y a aucun doute, Dieu lui parle.

Charles VII sera sacré le 17 juillet de la même année à Reims.sacre-charles-vii

Une armée de 7000 hommes lui est confiée et c’est avec elle qu’elle marche sur Orléans, toujours aux mains des Anglais. C’est au cours de cette bataille qu’elle fut gravement blessée. Rétablie en quelques jours, elle boutera alors les Anglais hors de… Orléans ! Le 8 mai 1429, la ville est libérée.jeannedarc_bucher

Elle tentera ensuite de prendre Paris. Blessée, elle sera faite prisonnière et, nous connaissons la suite, brûlée à Rouen.

On reprocha à Charles VII de n’avoir rien tenté pour sauver la pucelle d’Orléans.

D’un tempérament assez impulsif, Charles VII est passé à la postérité comme un Roi sans grandes joies… Souvent inquiet, renfermé sur lui-même et même parfois enclin à des excès de tristesse –certainement due à une enfance peu joyeuse, comme nous avons pu le constater- il n’a pas « l’éclat des Valois ».

Il reste néanmoins fort doux, intelligent, il aime apprendre et s’exprime avec aisance en public.

Il passe tantôt par la joie et l’ardeur, tantôt par un état de tristesse extrême, tout dépend des événements auxquels est sujet le royaume.

Après la Paix d’Arras de 1435, sa majesté lui revient. Le contexte politique plus que favorable lui redonne assurance et confiance. Mais ce ne sont pas que ces victoires qui entraînent un tel renouveau… Mais une dame de la cour, première d’une tradition qui sera bientôt perpétués par de nombreux monarques.

En effet, à l’exception de Louis XIII et Louis XVI, on peut dire que tous nos monarques après Charles VII, auront une…voire des, maitresses royales officielles.

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Marie d’Anjou (1404-1463)

Cette tradition commence donc avec la belle Agnès Sorel.  Il faut dire que sa femme, Marie d’Anjou, est, dit-on à l’époque : « laide à faire fuir les Anglais »…

Celle qu’il a choisis comme maitresse est une femme d’une grande beauté, et d’un fort caractère. Elle aurait, d’ailleurs, favorisé les bons côtés de son royal amant, souvent cachés jusqu’ici.

Pour la légitimé, et clamer au grand jour cet amour, Charles VII revêtira, lors d’une joute à Nancy, une magnifique armure, royale. Agnès Sorel apparaitra, elle aussi dans une armure splendide, montrant sa différence d’avec les dames de la cour et la Reine.

Charles VII lui offrira châteaux et bijoux, preuves de son amour. Or on reproche souvent à « la dame de beauté » de profiter de ce riche amant et de ne l’aimer que pour sa royale fonction. Jalousée, elle le devient d’autant plus qu’elle donne 3 bâtardes au Roi. Marie, Jeanne et Charlotte, seront légitimées par leur royal papa, ce qui ne fera qu’accentuer l’aversion des courtisanes et autres jalouses de la belle.

De plus, dans une cour moyenâgeuse, où la religion règne sur tout, son statut et ses tenues font scandale. Il faut dire qu’elle est prête à tout, pour montrer et accentuer sa beauté.

Des soins à l’huile d’amande, cire d’abeille, huile d’olive pour garder une peau douce etagnessorel hydratée, des parfums, des produits pour garder les dents blanches –choses extrêmement rare pour l’époque !- mais également des soins à base de bave d’escargot, servant à prévenir les rides et effacer les éventuels petits boutons disgracieux.

Elle affichait aussi des lèvres pulpeuses, qu’elle soulignait avec une sorte de rouge à lèvres, à base de poudre de coquelicot.

Le maquillage étant interdit par l’Eglise, passe pour l’équivalent d’un adultère… C’est pourtant grâce à ces outrages qu’elle parvient à atteindre les canons de beauté de l’époque.

D’autre part, ses vêtements attirent grandement l’attention. De la fourrure, des étoffes luxueuses, les traînes de ses robes atteignaient parfois les 5m –selon les chroniques de l’époque-,mais toujours est-il qu’elles dépassaient souvent celles de la Reine elle-même… Un véritable affront pour cette dernière. Elle arborait également des décolletés vertigineux, qui lui vaudront quelques quolibets.a-sorel

Agnès Sorel lance alors des modes dans tout le royaume. Marie d’Anjou en est folle.

Politiquement Agnès jouera un certain rôle. Elle présentera alors un célèbre argentier à son amant… Jacques Cœur. Qui s’enrichira grandement grâce au Roi, et le trahira, ce qui lui vaudra d’être exilé à vie.

Elle le soutiendra également dans sa lutte contre les Anglais et lui rappellera à quel point il est Roi, et doit être Roi.

L’influence positive d’Agnès Sorel sur Charles VII ne fait aucun doute. Cependant, ses détracteurs sont toujours là, à commencer par le futur Louis XI, le Dauphin, fils de Charles VII.

Agnès mourut violemment en 1450, des suites d’un « flux de ventre »… La thèse de l’empoisonnement apparait immédiatement, sans que jamais on ait la réponse. Ce n’est qu’en 2005, qu’une équipe de chercheurs a pu révéler que son organisme contenait une forte dose de mercure. Toujours est-il qu’on ne peut savoir s’il s’agit réellement d’un empoisonnement, sachant que beaucoup de soins à base de ce poison étaient en vogue, de même que de l’or, qui devait rendre la peau plus lisse…

Charles VII est effondré, mais ne tardera cependant pas trop à trouver une nouvelle amante. Elle restera cependant le plus grand amour du Roi.

La paix ne règne pourtant pas encore dans le royaume. Charles VII réorganise ses armées et repart en guerre contre les Anglais. Il entreprend de leur reprendre la Normandie ainsi que la Guyenne.

 En juillet 1453, c’est la victoire à Castillon. Bataille qui mettra un terme à une guerre qui dura depuis 116ans… La guerre de Cent Ans.

Sous son règne, la monnaie se stabilise, les impôts sont réguliers, il rend également aux églises françaises une partielles liberté, de ce fait, il diminue les taxes demandées par le pape à ces églises.

Il demande aussi à ce que les coutumes du pays soient mises par écrit, dans le dessein de commencer à généraliser les lois à l’ensemble du royaume.

Charles VII laissera à son fils, Louis XI, un royaume en très bon état. Il restera fâché jusqu’à sa mort avec celui-ci. Le fils étant toujours en conflit avec le père, il s’exile loin de la cour et ne revint qu’en 1461.

Le 22 juillet 1461 il est au sommet de sa gloire et meurt en restant dans les mémoires comme étant Charles le Victorieux.

Le saviez-vous

Le jeu de cartes tel que nous le connaissons aujourd’hui est apparu en France au XVe siècle. Et il semble garder la trace du règne de Charles VII.

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En effet, Charles serait le roi de coeur, le valet du même symbole porte le nom Lahire, il s’agit d’un compagnon fidèle à Jeanne d’Arc. La dame de trèfle porte le nom d’Argine, anagramme de « Regina », ce qui symboliserai la Reine, Marie d’Anjou, la reine de coeur serait Isabeau de Bavière, la mère du Roi, la dame de pique représente Jeanne d’Arc, quant à la dame de carreau il s’agirait d’Agnès Sorel.

 

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