Anne d’Autriche

Connues, inconnues, mal connues, elles furent nombreuses à porter le titre de « Reine de France », mais trop peu à pouvoir en assumer pleinement le rôle, politiquement parlant.

Certaines furent supplantées par des favorites, quand d’autres auront un pouvoir trop important pour que l’Histoire ne le néglige.

Découvrons qui furent ses reines de France, ou femmes de Rois.

Anne d’Autriche (1601-1666)

Anna_of_Austria_by_Rubens_(1622-1625,_Norton_Simon_Museum)

Fille ainée du roi d’Espagne, Philippe III, elle sera marié à 14 ans au roi de France : Louis XIII. D’une grande beauté, elle va mettre longtemps à se faire accepter en France, car ne donnant aucun héritier, elle n’est rien. Tout change lorsqu’elle donne tour à tour naissance à Louis Dieudonné (futur Louis XIV) et à son petit frère Philippe (duc d’Orléans).

Reine, mère du Roi-Soleil, régente de France, femme amoureuse, Anne d’Autriche à de multiples facettes. Son fils dira à sa mort,

« Elle mérite de figurer au rang de nos plus grands Rois. ».

Ana Maria Mauricia, né en 1601 à Valladolid en Espagne. Fille ainée du plus puissant roi d’Europe, Philippe III, elle est mariée en 1615 au roi de France. Dans le but de resserrer les liens entre les deux pays, la sœur de Louis XIII, Élisabeth de France, part elle aussi épouser le frère d’Anne, l’infant Philippe.

Venant d’un pays très pieux, Anne le sera également tout au long de sa vie. De plus, elle apprendra très vite à tenir son rang. Étant la fille ainée, elle se doit de montrer l’exemple et de faire rayonner son pays et la dynastie des Habsbourg, au travers de ses attitudes une fois en France

Élevée par un père aimant, dont elle est la préférée, elle se révèle très vive, éveillée et assez mature. Quand sa mère meurt elle a 10 ans, elle jouera alors son rôle auprès de ses petits frères et sœurs.

Mariage Anne d'Autriche et Louix XIII

Mariage des futurs souverains de France, novembre 1615

Louis XIII n’est lui aussi qu’un enfant. Couvé par une mère autoritaire à qui il a dû arracher le pouvoir : Marie de Médicis. Les femmes « l’effraient » et leur nuit de noce sera la première et dernière avant plus de 4 années d’abstinence. En effet, de nombreuses suspicions d’homosexualité planent au sujet de Louis XIII. Jamais avérées, toujours est-il que le roi préfère la chasse et ses amis masculins, aux plaisirs de la chaire et au lit de son épouse.

Elle ne règne d’ailleurs pas plus dans le cœur du peuple. Espagnole, elle parait suspect à beaucoup et également à de grands noms de la cour. Plusieurs fois surprise à envoyer des lettres à son frère devenu roi, elle sera tenu à l’écart du pouvoir, en grande parti par son ennemi juré : le cardinal de Richelieu.

Richelieu1

Cardinal de Richelieu, conseiller et ministre de Louis XIII.

Lui trouvant un ascendant trop important sur son mari, elle n’a pas plus confiance en lui qu’il n’en a en elle. Richelieu voyant toujours l’Espagne comme un ennemi, il considère la reine comme une taupe infiltrée. Mise sous surveillance après l’interception des lettres, elle n’a pas grande place dans ce pays d’adoption qui le l’aime pas, et dont elle parle la langue avec un fort accent, jouant en sa défaveur.

Anne s’ennuie à la cour de France, et se plaît à se laisser courtiser par d’autres hommes. C’est lors d’un voyage en Angleterre, accompagnant l’une des sœur du Roi, qu’elle rencontre le Duc de Buckingham, immortalisé par Alexandre Dumas et les fameux « ferrets de la Reine« .

Duc de Buckingham

Duc de Buckingham

Encore une fois, peu de faits sont vérifiables, mais un épisode troublant raconté par une suivante de la reine, qui, après une entrevue privée entre Anne et Buckingham, dira « de la ceinture aux pieds je réponds de la vertu de la reine, pour ce qui au dessus de la ceinture, je n’en ai rien à dire. »

Cette affaire ne fait qu’envenimer encore davantage les relations entre la reine et le roi, mais également avec le peuple.

 Au couvent du Val-de-Grâce qu’elle a fondé, elle se sent en sécurité. Elle pense ainsi pouvoir échapper aux espions et aux intrigues du Cardinal. Ce qui ne sera malheureusement pas le cas, puisque les lettres codées envoyées à son frère seront interceptées en partance du couvent.

Le 5 septembre 1638, c’est la délivrance. Enfin! Après plusieurs fausses couches, la Reine donne naissance à un fils. Reconnue définitivement et officiellement comme la Reine de France, c’est le début de son ascension.

Des manifestations de joies éclatent un peu partout dans le royaume dès l’annonce de la naissance. Il faut dire que cela fait 23 ans que la France attend un héritier. La légende veut que celui-ci est été conçu lors d’un soir d’orage…Anne d'autriche enceinte

Le Roi avait prévu d’aller chasser, comme à son habitude. Or ce soir là, un violent orage éclate. Son conseiller lui dit qu’il était impossible de se rendre au château des Condé comme prévu, et lui conseilla de rentrer au Louvre. Son arrivée n’étant pas prévu, rien n’était prêt. C’est alors qu’un courtisant lui fit remarquer qu’il pouvait dormir dans les appartements de la Reine, en sa compagnie… peut-être est-ce un signe? Une liaison toujours orageuse, qui donnera naissance, 9 mois plus tard, au futur Roi-Soleil.

Mère aimante, elle élèvera son fils aîné au rang de plus grand Roi d’Europe, avec l’aide du parrain de ce dernier : le cardinal Jules Mazarin, amené à la cour par Richelieu lui-même.

En effet, le Roi Louis XIII et le Cardinal sont tous deux très malades, si bien qu’on ne sait lequel des deux mourra le premier. Anne d’Autriche doit se préparer à assumer la régence, son fils étant trop jeune pour régner seul.

En décembre 1642, Richelieu meurt. Mais avant de rendre son dernier souffle, il présente Mazarin au Roi et à la Reine, à qui il dira ironiquement « Il vous plaira sans doute d’avantage, il a un air de Buckingham! ».

Mazarin

Giulio Mazarini, dit le Cardinal Jules Mazarin.

Louis XIII se sentant faible, il baptise son fils et fait de Mazarin son parrain. Mais le vieux Roi suit de prêt son fidèle ministre dans la tombe, il décède en mai 1643.

Anne d’Autriche est enfin régente. Elle fait casser le testament de son mari pour accéder au pouvoir politique, laisse ses ministres en place, et prend pour fidèle conseiller, Mazarin lui-même. La guerre avec l’Espagne et surtout la Fronde font rage, et Anne doit tenir bon. Pour son fils d’abord, mais également pour son tendre ami, contre qui la Fronde est principalement dirigée.

Pendant plus de quinze ans, la France sera dirigée de main de maître par une espagnole et un italien, plus unis qu’on ne pourrait le penser…

Une amitié très forte va naître entre Anne et Mazarin. Encore aujourd’hui les historiens sont divisés.

Mazarin étant mal aimé du peuple et de la cour, des ragots concernant leur liaison et un supposé mariage secret -très peu vraisemblable- ont longtemps étaient colportés.

Quand Mazarin arrive en France, il apparaît aux yeux de la Reine comme différent des hommes qu’elle connaît. Il sent bon, car se parfume et se lave régulièrement (pratique peu répandu à l’époque) et pour plaire à la Reine, il lui fera apporter du chocolat des Pays-Bas espagnols ainsi que des oranges. De petites attentions auxquelles la reine n’est pas insensible.

Il est aujourd’hui indéniable que ces deux êtres se sont bel et bien aimés. Mais jusqu’où leur passion est-elle allez ? Cet amour est-il resté uniquement platonique? Anne d’Autriche étant très pieuse, et Mazarin restant le parrain de son fils, une telle liaison eut été un inceste pour l’Église catholique. Néanmoins, on a pu retrouver de nombreuses lettres échangées entre la Reine et le Cardinal. Lors de la Fonde notamment, où encore lorsque Mazarin est exilé en Rhénanie, dans le but d’apaiser les tensions.

Dans leur correspondance, on a pu relever d’indéniables preuves d’un amour. Sans jamais se trahir, et très finement, ils échangent des mots doux. D’ailleurs, la Reine lui fait parvenir Seau Anne&Mazarinces lettres avec un cachet différent de celui qu’elle utilise habituellement pour les lettres officielles. Il a également était avéré que Mazarin a bien fait fabriquer deux bijoux, pour lui et Anne. Une chevalière, qu’ils portaient tous les deux. Elle contenaient un seau réservé à leurs lettres et façonné avec deux A et deux M entremêlés, entourés de quatre S fermés, que l’on appelait des « fermès« , symbole de l’amour éternel. (Cf. image ci-contre)

D’autre part, après des études des fameuses lettres, les historiens ont pu noter des codes, au milieu des phrases. Des symboles aléatoires, semblant correspondre à des groupes de mots. De même que des chiffres : 15 et 16, semblant les désigner mutuellement.

Cette romance est donc bien avérée, mais on en sait, hélas, encore trop peu pour démêler le réel de la rumeur.

Reine, régente, amoureuse, Anne n’en est pas moins une mère. Elle aime tendrement ses enfants et est particulièrement affectueuse avec eux, pour l’époque. Elle s’occupe très vite de leur éducation, et surtout religieuse, passe du temps avec eux et leur fait des câlins. Gestes d’amour très peu pratiqués en son siècle.Anne d'Autriche et ses enfants

Cependant, elle fournit une éducation bien différente aux deux princes.

Louis est programmé pour régner. Mazarin son parrain, le prend sous son aile, lui inculque de grandes valeurs, digne d’un Roi : écriture, histoire, art, danse et maniement des armes. Anne est souvent dure avec lui, et très à cheval sur la religion.

Philippe, dit « Monsieur« , est davantage pouponné, et on fait en sorte que sa virilité soit amoindrit, de sorte qu’il ne tente pas de renverser son frère. Il reste donc plus longtemps auprès des femmes, de sa mère et  ses dames de cour. Mazarin lui a transmis son goût particulier pour les arts et la beauté des peintures, sculptures

Anne d’Autriche portera son fils au plus haut. Mazarin dira à sa mort, au futur roi « Vous serez un grand roi. ». Quand celui-ci meurt en 1661, Louis XIV décide de régner seul. Il pleura son parrain qu’il aimait comme un père. Anne le pleurera également, mais dans le plus grand secret, de sorte à ne pas éveiller davantage les soupçons déjà nombreux à leur propos.

Son fils au pouvoir, il devient le plus grand monarque d’Europe, voire du monde. Anne, désormais toujours vêtue de noir, se retire encore plus dans des couvents et surtout au Val-de-Grâce.

Atteinte d’un cancer du sein, elle tombe gravement malade. Louis XIV qui adore sa mère, fait venir de toute la France les meilleurs médecins, qui vont par ailleurs, infliger d’épouvantables douleurs à la Reine mère.

A l’aube de sa mort, ses deux enfants sont près d’elle. Louis XIV et Monsieur sont au chevet de leur mère qu’ils aiment tant, et il serait relaté par des chroniques de l’époque que Louis XIV se serait évanouie, tant il ne pouvait supporter que sa mère le quitte. C’est le 20 janvier 1666 qu’Anne d’Autriche rend son dernier souffle, dans ses appartements, au Louvre.

Le saviez-vous

Friande d’un met très répandu à la cour d’Espagne, Anne d’Autriche démocratise sa consommation en France, vantant ses vertus médicinales et son goût exquis. C’est grâce à elle que l’on peut aujourd’hui déguster,

du chocolat !

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